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Journal d'un Pseudo-écrivain
20 avril 2006

Imagine: suite (1)

II

  Un gigantesque oiseau zébra le ciel, ses deux ailes immenses le propulsant rapidement dans les cieux, battant avec vigueur, et même violence, l’air si pur. Son corps était allongé, presque serpentin, se terminait d’un côté par une longue queue musculeuse et de l’autre une longue tête ovale, et paraissait malgré sa finesse particulièrement robuste ; on pouvait même voir ses muscles travailler sous sa peau tendue. Ses plumes étaient dures comme de l’acier et étaient d’un bleu clair et pâle d’une beauté à couper le souffle. Elles étaient  serrées les unes sur les autres, et de loin pouvaient fort ressembler à des écailles de quelque énorme poisson. Les ailes avaient une envergure qui devait faire au moins deux fois la longueur du corps et, lorqu’elles se repliaient, devaient recouvrir la bête entièrement. Le bleu des plumes, identique à celui du corps, s’éclaircissait de plus en plus vers les extrémités, allant même à l’extrême pointe au blanc pur, et formait ainsi un dégradé du plus bel effet. La tête d’un blanc de nacre portait sur le dessus un symbole rouge et encerclé par une fine ligne noire -qui ressemblait étrangement à l’oméga grec,  -, et se terminait par un épais bec orange assez aiguisé pour couper la tête d’un humain d’un claquement, et pointu qui plus est. Sa queue se terminait par une pointe de métal aiguisée, en forme de pointe. Cette bête, pourtant si majestueuse, était faite pour se battre.

  La guerre. Cette invention est celle qui révèle le plus profond de l’Humanité. Les hommes y développent des aptitudes particulièrement étonnantes, et ils apprennent très vite la guerre. D’abord haine, puis dispute, puis combat singulier, la guerre est la conclusion d’une longue suite d’émotions que l’on peut appeler antipathie.
  La guerre est le révélateur de l’Homme et de son esprit de supériorité, d’orgueil, de compétition. Tout cela entraîne une volonté de la part des hommes de rivaliser continuellement avec ses pairs, tentant toujours d’être le sommet de la hiérarchie sociale ou du moins d’être quelqu’un de respecté, même si pour gagner ce respect, il utilise des moyens douteux et peu recommandables. Cet esprit de compétition serait une excellente façon de faire progresser la race humaine, mais le bémol est là et bien là: sa violence. L’Homme, dès les premiers instants de l’espèce intelligente nommée Homo Sapiens, a organisé une échelle des valeurs dont les plus importantes étaient la force musculaire au lieu de la force de l’esprit, la férocité à la place de la ruse, la méchanceté à la place de la sagesse. Ainsi était fait l’Homme, ainsi est fait l’Homme, ainsi sera l’Homme.

  Sur le dos de la monstrueuse bête se trouvait juché un homme grand et solide, portant une armure faite de plaques d’acier trempé accrochées les unes aux autres pour ne point laisser un morceau de chair vulnérable visible se faire couper par la lame d’un quelconque ennemi. Recouvrant entièrement sa tête, un heaume, fait d’une pièce du même métal que l’armure, surmontait le corps de l’homme. Il était magnifiquement ciselé, et les reliefs s’étaient vues recouvrir d’or fin qui répandait la lumière du soleil avec une violence qui éblouissait celui qui s’approchait trop de son porteur, le laissant désarmé face au coup mortel. Au sommet du casque, un grand et long plumier rouge sang se dressait vers le ciel, l’extrémité se recourbant vers l’arrière comme une parodie de l’orgueil humain.
  Le guerrier tenait dans le gantelet de sa main droite une longue lance faite de bois de sapin ou de chêne, son autre main tenant fermement les rênes de la monture bestiale. Une épée au pommeau ciselé encore plus finement que le couvre-chef pendait dans un fourreau majestueux décoré de pierres précieuses et d’autres bijoux resplendissant. Son bras senestre portait un bouclier rond et légèrement bombé, avec en son centre une obole en acier, sur lequel était dessiné un griffon, animal mystique, de couleur noir sur un fond rouge foncé. Le même emblème était représenté sur l’armure, mais avec infiniment plus de détails et des yeux de saphirs.
  Le guerrier pencha la tête pour regarder le sol. En contrebas, il y avait maintenant deux champs de blé qui recouvraient la terre d’un tapis noir qui ne cessait de se mouvoir, comme sous l’effet du vent. L’homme fit descendre sa monture. La visibilité se fit de plus en plus net ; on commençait à distinguer les reflets de pic en métal qui brillaient sous le soleil de plomb. On pouvait maintenant voir les rangs serrés des épis parfaitement alignés, comme à une parade militaire, et même des sortes de monticules qui dominaient le reste de cette marée meurtrière. Cette particularité n’était pas si étonnante, ce n’est rien de plus qu’un de ces regroupements de guerriers tout en armes, que les hommes, dans leur vanité à vouloir donner un nom à toute chose, avaient baptisé armée. 

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